Introduction à l’investigation numérique (1)

Qu’est-ce que c’est l’investigation numérique ?

Au premier workshop du Digital Forensics Research Group (DFRWS) in 2001, l’investigation numérique a été définie de la façon suivante :

« L’utilisation de méthodes scientifiquement prouvées qui ont comme but la préservation, la collecte, la validation, l’identification, l’analyse, l’interprétation, la documentation et la présentation de preuves numériques provenant de sources numériques dans le but de faciliter ou de favoriser la reconstitution des événements de nature criminelle, ou en aidant d’anticiper les actions non autorisées qui pourraient être préjudiciables pour les opérations planifiées. »[DFRWS]

Même si les techniques d’investigation numérique sont utilisées  dans d’autres contextes que des enquêtes criminelles, les principes et les procédures sont plus ou moins les mêmes indépendamment du type d’enquête. L’investigation numérique utilise comme source d’information les données générées par ordinateur.

Le but de toute investigation numérique est de trouver des faits, afin de reconstituer la vérité d’un événement. L’examinateur révèle la vérité d’un événement en découvrant et en exposant les traces que l’événement a laissées sur le système. En accord avec la métaphore ‘’archéologue numérique’’, ces traces sont connues comme des artefacts. Ces traces sont parfois appelées des preuves.

Ainsi que l’indique le principe d’échange de Locard, « lorsque deux corps entrent en contact l’un avec l’autre, il y a nécessairement un transfert entre ceux-ci. » [LOCARD]

Cette simple déclaration est le principe fondamental au cœur de la dynamique des éléments de preuve. Transposé à l’investigation numérique, cela signifie que l’action d’un acteur sur un système d’information laissera des traces de cette activité sur le système. Des actions très simples peuvent tout simplement causer des changements dans les registres du processeur. Les actions plus complexes ont une plus grande probabilité de créer et laisser des traces plus durables sur le système, mais même des tâches simples peuvent laisser des traces.

Il est important de rappeler le travail de l’examinateur: déterminer la vérité. Chaque examen devrait commencer par une hypothèse. La tâche de l’examinateur n’est pas de démontrer ces affirmations, mais de découvrir des artefacts indiquant si l’hypothèse est valide ou non valide.

Une subtilité supplémentaire apparait en raison de la facilité avec laquelle les éléments numériques peuvent être manipulés ou entièrement fabriqués. Dans beaucoup d’enquêtes, l’examinateur doit déterminer si les éléments de preuve numérique sont compatibles ou non avec les processus et les systèmes censés les avoir générés. Dans certains cas, la détermination de la cohérence des éléments de preuve numérique est le seul but de l’examen.

Le processus d’investigation numérique peut être décomposé en trois catégories d’activités: l’acquisition, l’analyse et la présentation.

  • L’acquisition se réfère à la collecte des supports numériques à  examiner. Selon le type d’analyse, il peut s’agir des disques durs physiques, des médias optiques, des cartes de stockage, des caméras numériques, des téléphones portables ou des simples documents. Dans tous les cas, les supports à examiner doivent être traités avec beaucoup de délicatesse. Il convient notamment de créer un duplicata des médias originaux (la copie de travail) ainsi que de maintenir des notes de toutes les mesures prises des supports originaux.
  • L’analyse consiste dans l’examen proprement dit des supports, «l’identification, l’analyse et l’interprétation » des éléments de la définition de DFRWS. L’identification consiste à localiser les éléments ou des éléments présents dans les médias en question, puis de réduire encore cet ensemble à des artefacts d’intérêt. Ces éléments sont ensuite soumis à une analyse appropriée. Cela peut être l’analyse du système de fichiers, l’examen du contenu d’un fichier, l’analyse d’un fichier de journalisation, l’analyse statistique ou n’importe quel autre type d’examens. Enfin, l’examinateur doit interpréter les résultats de cette analyse. La qualité de l’analyse dépend beaucoup de la formation de l’examinateur, de son expertise technique et de son niveau d’expérience.
  • La présentation est le processus par lequel l’examinateur partage les résultats de la phase d’analyse avec la partie ou les parties intéressées. Celle-ci consiste dans un rapport des mesures prises par l’examinateur, une description des artefacts découverts et la signification de ces artefacts.

Notez que les résultats de la phase d’analyse peuvent conduire à d’autres acquisitions, chacune pouvant conduire a des analyses supplémentaires, etc. Cette boucle peut se poursuivre pendant de nombreux cycles donnant lieux à des enquêtes de longue durée.